À Shediac, j’avais rencontré Ian, un jeune cycliste traversant le Canada. Je l’avais invité à s’arrêter chez moi si ça lui convenait.
Il est arrivé en fin de journée le 23 août. Bien installé au sous-sol, il a profité d’une journée de congé pour visiter Montréal et a repris la route le matin du 25. Très agréable visite. Bonne route, vive le vélo !
Lundi. La nuit est calme, mais peu confortable. Le train n’avance vraiment pas vite, mais c’est au moins tranquille pendant la nuit : le bébé a dormi.
Au matin, nous passons à Sainte-Foy, puis arrêtons brièvement à quelques gares. Nous arrivons à Montréal un peu après 10 h, avec près d’une heure de retard. Pour moi, c’est sans conséquence, mais certains passagers ont manqué des correspondances.
À la gare, tout est long : sortir du train, attendre les bagages, récupérer les vélos à la toute fin. Car il avait un autre vélo à bord, celui de Sari, une jeune femme ayant pédalé de Montréal à Halifax cet été. Yohan, qui avait fait le voyage avec elle, était rentré hier en avion et est là pour l’accueillir.
À 11 h 15, je suis enfin prêt… et il fait 30°. Dans 15 minutes, le train de banlieue part pour chez moi. Après m’être assuré de pouvoir en descendre – les employés vont m’aider –, je m’installe pour le dernier bout du trajet. Peu après midi, je suis à la maison. À part quelques herbes folles ayant colonisé mon entrée, tout est en ordre. Retour au quotidien.
Je reviens chez nous… et j’ai déjà hâte de reprendre la route.
km jour : 0,9 km total : 3363 départ / arrivée : 10 h 00 / 19 h 00 temps déplacement : 0 : 05 vitesse moyenne : 17,1 vitesse maximale : 32,2
Dimanche. La nuit a été très confortable. J’ai fermé la bruyante climatisation pour ouvrir la porte du balcon. Avec le ventilateur, c’était très bien.
Tous les hôtes sont au rendez-vous pour le petit déjeuner de 7 h 30, sauf un couple anglophone qui ne mange pas. Mes collègues sont des retraités en vacances. C’est bon et agréable. En revanche, Jacques est au ralenti ; il a fêté pas mal tard la nuit dernière.
C’est vraiment l’été : la météo prévoit 30° et soleil, avec un ciel légèrement voilé, ici comme à Montréal. Ce matin, j’ai enfin la possibilité d’aller à l’église, ce que je n’ai pas pu faire depuis longtemps. Comme j’avais vérifié adresses et horaires hier, je me rends sur place facilement.
La messe est assez traditionnelle. La paroisse accueille un nouveau vicaire, mais déjà connu ici : il a travaillé dans 39 églises, soit la majorité de celles du diocèse. Il fait partie du RCMP – Roman Catholic Mobile Priest, et non Royal Canadian Mounted Police.
De retour à l’auberge, j’apprends que les chambres doivent être libérées pour 11 h. Je m’active : en quelques minutes, je prends une douche et je vide la chambre, laissant l’essentiel de mon bagage près de l’entrée. Je prends aussi quelques instants pour resserrer des boulons des porte-bagages qui en ont besoin.
Je vais ensuite assister à un phénomène local : le mascaret de la rivière Petitcodiac, une vague qui remonte le courant avec la marée. Celui-ci est prévu pour 12 h, mais son horaire est imprécis. Aujourd’hui, il arrive environ 8 minutes plus tôt.
Plusieurs personnes sont au rendez-vous. Près de moi, une dame avec deux jeunes enfants qui étaient à l’église ce matin, et André, un père à vélo avec ses fils Simon et Rémi. Ils s’intéressent au cyclotourisme et ont de nombreuses questions très pertinentes.
La ville n’est pas très grande et l’auberge est bien située. Je fais de courtes distances entre chaque activité. À l’auberge, je réorganise un peu mon matériel et je quitte pour de bon, bien chargé. Au coin de la rue, il y a un parc. Je m’installe sur un banc à l’ombre pour dîner.
Ensuite, je me rends à la gare, longtemps d’avance, afin que tout soit fin prêt. Pas de complication, mais des particularités ; je dois mettre un sac sur l’arrière du vélo seulement ; je ne peux enregistrer que deux bagages, alors j’assemble mes sacoches deux par deux.
Il reste près de deux heures d’attente, un temps pour écrire. Une jeune fille qui va aussi à Montréal surveille mon bagage à l’occasion, et je lui rends la pareille.
Comme le mascaret, le train est à l’heure, ou presque. Je m’y installe avec l’ordinateur pour mettre le journal à jour et organiser les dernières photos.
Alors que le jour baisse tranquillement, le train traverse des forêts entrecoupées de marais et de cours d’eau, sans grand relief. Rien de palpitant.
Une famille tout près a un bébé très bruyant, qui contraste avec le calme du train. En musique, je relis et corrige le journal. Peu après 23 h – 22 h heure du Québec –, le train passe à Matapédia. C’est le temps de dormir… le mieux possible.
km jour : 10,9 km total : 3362 départ / arrivée : 9 h 45 / 12 h 00 temps déplacement : 0 : 38 vitesse moyenne : 17,1 vitesse maximale : 36,2 train : 183 $
Samedi. Levé peu après 7 h, je prends du temps pour me préparer, car j’ai à réorganiser mon matériel après la pause d’hier et le séchage. Il n’y a pas eu de rosée importante cette nuit, alors ma tente est sèche. Je peux la ranger sans risque.
Encore aujourd’hui, il fait beau, chaud et venteux. J’ai le vent de face : ça n’avance pas vite. Je ne peux pas arriver à l’heure pour le mascaret de la rivière Petitcodiac, une curiosité locale. La petite route est sans histoire… et sans grand intérêt.
En arrivant au Nouveau-Brunswick, j’avais obtenu une carte de Moncton. En entrant en ville, je peux me diriger facilement. Je quitte la route pour me balader un bon bout de temps sur les pistes cyclables.
La première longe Humphrey’s Brook sur 5,6 km, un petit bout de forêt qui serpente entre les maisons et industries. Je grappille quelques framboises en passant.
Un bref passage en ville, et je suis au Parc Riverain, qui longe la rivière Petitcodiac et la traverse pour une boucle. Au début, c’est assez urbain. Je dîne en musique, car les groupes du spectacle de ce soir se préparent juste à côté. Ensuite, c’est vaste et sauvage, avec de grandes prairies inondables et de petites collines. Étonnant de se retrouver en pleine campagne si près du centre-ville.
Je reviens en zone plus urbaine et m’installe à l’ombre pour écrire. La ville fournit une connexion Internet, bien appréciée. Denise, une cycliste de passage, arrête faire un bout de causette.
En milieu d’après-midi, je m’installe dans ma confortable chambre à l’auberge, avec climatisation et salle de bain privée. Le luxe. Jacques, ingénieur à la retraite, m’accueille chaleureusement.
Après une bonne douche, une épicerie et un souper rapide, je marche vers le centre-ville pour participer à la fête des Acadiens. Comme je suis un peu en retard, je me dirige vers un itinéraire probable. Bon choix : j’arrive pile sur le grand tintamarre, joyeux, familial et coloré.
Nous arrivons au parc où est montée la scène. Avec mes précieux bouchons d’oreilles, j’écoute quelques présentations de l’Acadie Rock avant de rentrer sagement à l’auberge. La foule aussi est assez sage.
Je passe une soirée tranquille avec un retour aux informations et un film, puis je m’installe dans mon confortable lit.
km jour : 48,9 km total : 3351 départ / arrivée : 9 h 45 / 12 h 00 temps déplacement : 3 : 07 vitesse moyenne : 15,6 vitesse maximale : 38,2 gîte : 125 $
Vendredi. Ce matin, le ciel est parfaitement bleu. La journée sera chaude et venteuse. Malgré le grand nombre de campeurs, c’est calme. Comme je reste ici ce soir, je ne démonte pas ma tente et je ne charge pas mon vélo. Pourtant, je démarre lentement, plusieurs personnes viennent jaser.
Il est près de 11 h quand je pars vers le nord, pour une petite virée en Acadie. Premier arrêt à l’information touristique. Les gens sont très accueillants et acadiens. Comme il y a risque d’averses, je préfère éviter le camping demain soir, afin que ma tente soit bien sèche pour le train. Il me faut donc un hébergement. On me propose l’auberge de jeunesse, mais personne ne répond à notre appel. Je repars avec le numéro de téléphone.
Pour la route, rien de compliqué : je remonte la côte jusqu’à Bouctouche, pays de la Sagouine, puis je reviens. À l’aller, je fais le détour par la presqu’île du Cap-des-Caissie, avec ses chalets tout au long de la côte.
Le plus beau du trajet est autour de Saint-Thomas-de-Kent, un peu avant Bouctouche. La route passe presque dans la mer. Au loin, plusieurs éoliennes semblent posées sur la mer. Illusion : l’Île-du-Prince-Edouard est sous l’horizon.
Le retour se fait par le même chemin, sauf pour le Cap-des-Caissie. Balade agréable, sans être spectaculaire, très francophone, pavoisée du drapeau tricolore marqué de l’étoile jaune car ce sera demain la fête des Acadiens. Je termine la journée avec 110 km au compteur.
De retour au camping, je règle mon coucher de demain. Après plusieurs appels, j’apprends qu’il n’y a plus de place à l’auberge de jeunesse. Avec Internet, je trouve facilement une liste de gîtes. Le premier que j’appelle, avec son nom en français, a encore deux chambres pour demain. J’en réserve une.
Au souper, je dois changer la bonbonne de gaz de mon réchaud. C’est étonnant : la première bonbonne a fait tout le voyage et n’a flanché que lors du dernier repas. Toute une performance !
Il fait presque nuit quand un cycliste chargé – mais tout à l’arrière avec un sac à dos – arrive. Ian habite en Alberta et amorce une traversée du Canada d’est en ouest. Nous discutons un bout de temps à propos de son itinéraire et échangeons nos coordonnées. S’il le désire, il aura un pied à terre à Montréal. Au moment de nous quitter, il me fait un gros câlin inattendu.
J’avais constaté que les installations du camping, très fréquentées, sont un peu détériorées. Celles du bâtiment d’accueil sont bien meilleures. Je m’y rends pour Internet et la douche, mais l’envoi courriel aux amis ne fonctionne pas. Ce sera pour une autre fois. Dodo !
km jour : 108,6 km total : 3303 départ / arrivée : 10 h 45 / 18 h 15 temps déplacement : 5 : 38 vitesse moyenne : 19,2 vitesse maximale : 37,3 camping : 26 $
Jeudi. J’ai très bien dormi malgré le vent qui secouait ma tente. Il faut dire que le bruit des vagues est un excellent partenaire pour le sommeil.
Aujourd’hui, le ciel est gris, mais sans menace de pluie. Je dois tout ranger, car j’avais tenté hier de sécher mon matériel. Succès relatif sur ce point : si ce qui était protégé est resté sec, mes sacoches sont toujours humides.
Je quitte autour de 9 h. Il me faut arrêter en ville – heureusement, Summerside est un centre d’importance – pour l’épicerie et la carte mémoire de l’appareil photo. Tout est bientôt en ordre.
Je me dirige tranquillement vers le Pont de la Confédération, qui relie l’île au Nouveau-Brunswick. Le vent est un peu contrariant, mais je traverse quelques jolis villages et campagnes.
Bientôt, le pont devient un élément marquant du paysage : on peut parler de monument. En y arrivant, il y a une salle d’attente. Ce pont de 8 km est interdit aux vélos et aux piétons, mais est facile à franchir grâce à une navette. En arrivant, je décroche un téléphone et l’appel est automatiquement placé.
Comme j’ai une demi-heure d’attente, j’ai tout le temps d’enlever mes sacs du vélo et de dîner. Dans la salle d’attente, une dame a la conversation facile. Elle me présente un petit film tourné par son amoureux lors de la récente demande officielle de mariage, en montgolfière au-dessus de l’Afrique du Sud. Quand même.
Le petit autobus arrive. Le conducteur, un acadien, parle bien français. À l’arrière du véhicule, un coffre fait toute la hauteur et loge facilement vélo et bagages.
De l’autre côté du pont, nous sommes sur l’Île Jourimain. L’autobus nous laisse devant le bureau dl’information touristique. J’y récolte quelques cartes, bien nécessaires. En me baladant un peu, je croise Gabriel et Camille, deux anciens élèves, et leur mère Magdalena, en voyage sur l’ÎPE. Les enfants sont devenus ados. Je reviens rapidement à la route, car les sentiers sont peu rapides et les moustiques voraces.
En quittant l’île, je roule sur la grande route avec un fort vent de face. Dès la première sortie, je prends la petite route qui longe la côte. J’ai le vent un peu plus de côté et c’est beaucoup plus calme côté voitures. Côté vues, c’est joli, sans plus. Rien de spectaculaire. Et si le ciel se dégage partiellement, il reste de bonnes bandes de nuages ici et là.
Ce n’est pas qu’ici : la tonte de la pelouse sur un petit tracteur semble être un sport national. Justement, un de ces croisés du gazon m’envoie la main et s’approche de la route. Dave est aussi adepte des voyages à vélo. Nous avons une agréable conversation dans un étrange mélange de français et d’anglais.
J’arrête à Murray Beach, un camping provincial. Il est encore tôt, mais je veux m’assurer d’une place avant de me rendre à Shediac. Par téléphone, on me confirme qu’il y aura de la place. Je repars.
La petite route devient grande. À la première occasion, je repars sur une route plus à mon goût.
À partir de Cap-Pelé, le bilinguisme fait place à l’unilinguisme français. Les maisons sont pavoisées aux couleurs de l’Acadie, puisque nous sommes à deux jours du 15 août.
Dave m’avait parlé d’environ 30 km pour Shediac, mais il devait penser en milles. La journée, avec sa lente progression, s’étire avec un vent souvent contraire. En plus, le camping est mal indiqué et je le cherche un peu.
Il y a plusieurs campings ici, mais celui-ci, parc provincial, offre une zone pour les tentes. C’est immense, sans aucune intimité entre les sites. Comme il est déjà tard, je ne fais que l’essentiel. En arrivant à l’heure de la douche, je réalise que je n’ai pas de pièce de 1 $. Ça attendra à demain matin.
Je m’installe pour deux nuits à Shediac : demain, je visiterai l’Acadie sans mes bagages.
km jour : 110,6 km total : 3194 départ / arrivée : 9 h 15 / 19 h 00 temps déplacement : 6 : 25 vitesse moyenne : 17,2 vitesse maximale : 40,3 camping : 26 $
Mercredi. Cette nuit, la pluie est venue comme prévu, mais pas trop intense, plutôt en averses.
En me levant, je commence par un peu de couture, puisque un de mes gants est fatigué. Je réussis à démonter la tente alors que la pluie prend une pause.
Ce n’est que partie remise. Avant même que je parte, elle revient, légère. Il y a un bon vent sud-est, déstabilisant, et pas mal de circulation.
J’arrête pour une photo, mais ma batterie est vide. Avec la nouvelle batterie, l’appareil demande de formater la carte mémoire. Bogue. Je trouve un petit coin sec sous une boite aux lettres et j’enlève la carte mémoire. Tout fonctionne à nouveau, mais je ne dispose plus que de la mémoire interne de l’appareil. C’est suffisant pour compléter le voyage. Heureusement, je sauvegarde chaque soir mes photos sur l’ordinateur, sinon j’aurais tout perdu.
La pluie est parfois légère, parfois plus forte. Je choisis une route secondaire avec peu de circulation. Là, c’est le déluge. Tout est trempé ; heureusement, mon matériel est bien au sec dans mes sacs.
En arrivant à Kensington, la pluie cesse tranquillement. Au bureau d’information touristique, je tente de sécher l’intérieur de mon appareil et ma carte mémoire à l’air chaud, sans résultat. En revanche, j’ai des informations pour demain à propos de la navette du pont et sur la météo à venir – pluie et orages jusqu’en milieu de soirée. Décision : le camping provincial le plus proche sera parfait pour aujourd’hui. Je dîne et reprends la route… et la pluie, légère, mais semblant prête à revenir en force, m’accompagne doucement jusqu’au camping.
J’arrive très tôt. Je suis bien trempé. Gentiment, on m’installe dans un abri avec le bois pour les feux de camp et une table à pique-nique avec vue sur la mer. Au loin, le pont de la Confédération que je traverserai demain. Il y a de l’eau sur le plancher. Je l’éponge, mais il ne sèche pas malgré un bon courant d’air : il est probablement trop salé et absorbe l’humidité ambiante.
Je profite de l’abri pour sécher mon matériel et pour mettre à jour le journal. J’essaie d’insérer ma carte mémoire dans l’ordinateur, et lui aussi demande à la formater. Fin de la carte, probablement…
Contrairement aux prévisions, la pluie cesse et le soleil tente de timides apparitions. Comme j’ai de l’électricité, je peux facilement compléter le journal et mettre à jour les photos.
En fin d’après-midi, je passe à la douche et au souper. C’est vraiment très tranquille ici.
Comme le travail habituel est terminé, je passe au cinéma avec « Intouchables », un film que j’aime bien. Auparavant, un visiteur inattendu se présente : le soleil sort de sous les nuages pour offrir tous ses flamboiements de fin de journée.
Je termine en montant la tente devant l’abri pour une nuit que j’espère bien calme.
km jour : 51,2 km total : 3084 départ / arrivée : 9 h 30 / 13 h 45 temps déplacement : 2 : 56 vitesse moyenne : 17,5 vitesse maximale : 47,8 camping : 30 $
Mardi. Après une nuit de forte rosée qui a bien trempé le double toit, le ciel est complètement dégagé. C’est une journée splendide et chaude qui commence.
Avant de partir, je règle un point important : mon retour à Montréal. Je prendrai le train à Moncton dimanche en fin de journée car il ne circule que quelques jours par semaine. Comme la transaction Web ne fonctionne pas, je dois régler par téléphone. Un avantage : c’est environ 100 $ moins cher…
Je pars donc tard avec une tente bien séchée. Aujourd’hui, le programme est léger. Le Parc national de l’ÎPE couvre trois secteurs de la côte, mais je ne visiterai pas le secteur est. À vélo, l’accès est gratuit. Ce que j’en vois est parfait avec son relief facile et un trajet exclusivement sur pistes cyclables.
Je commence par le secteur de Brackley-Dalvay, au centre, avec ses dunes et ses longues plages. Je prends mon temps. Je profite de presque tous les points de vue.
Partout, il y a des accès à des plages magnifiques… et fréquentées, accessibles par des sentiers bien délimités. Entre la route et la mer, il y a des dunes extrêmement sensibles au piétinement, alors il est vital de guider précisément les pas des vacanciers.
Je passe à vélo sur le sentier Bubbling Springs. C’est joli, mais je ne m’arrête pratiquement pas car les moustiques y sont nombreux et voraces. Au bout de la boucle, il y a une source alimentée par des veines souterraines qui sortent à travers le sable, d’où le nom du sentier. Même chargé, mon vélo est efficace sur ce sentier un peu accidenté.
Je croise trois cyclotouristes – denrée rare cet été –, dont Michael, parti de Toronto. Il voyage léger puisqu’il ne campe pas, mais c’est un bon périple. Évidemment, nous discutons itinéraires.
En passant près d’un camping, je fais une pause eau. Une jeune femme s’approche et s’intéresse aux voyages à vélo. Nadine semble bien tentée de partir ainsi. Bonne route.
Plus loin, je fais un détour pour aller rouler sur l’Île Robinsons. En y arrivant, je jase assez longuement avec Frédéric, autre adepte du vélo. Le tout nouveau sentier de 5 km offre des obstacles pour adeptes du vélo de montagne, mais avec la charge je préfère les contourner. C’est une balade très agréable.
Pour rejoindre l’autre partie du Parc, toute proche à vol d’oiseau, il faut reprendre la route pour contourner la Baie Rustico, une affaire d’environ 20 km. En cours de route, je constate qu’une pièce de mon pédalier se dévisse. C’est une réparation très simple, vite réalisée.
Une dame s’approche pour voir si j’ai besoin d’aide. Rapidement, nos passons au français, puisque Yvonne est acadienne. Veuve et ancienne enseignante, elle s’occupe de son jardin et accueille bien le cycliste de passage.
Vers 15 h 30, je passe le seuil des 3000 km. Je bats mes records de distance en un été.
À North Rustico, je fais mon épicerie. Coincé dans le panier, mon cyclomètre se remet à zéro. Pas de statistiques aujourd’hui.
De retour dans le Parc, secteur Cavendish (ouest), je me retrouve dans un autre environnement, fait de spectaculaires falaises de grès d’un rouge étonnant, sculptées par la mer. C’est magnifique ! Je prends plusieurs photos même si le soleil se cache tranquillement dans les nuages.
Le territoire est marqué par la mémoire de Lucy Maud Montgomery qui a trouvé ici l’inspiration pour son célèbre roman « Anne… La maison aux pignons verts » et attire toujours les foules.
Il se fait déjà tard. Malheureusement, il n’y a plus de place au camping du parc, alors je plante ma tente juste à côté dans un énorme camping trop cher. Mais la pluie s’annonce…
Il y a plusieurs québécois, certains viennent me voir, intéressés par mon périple. Je ne veille pas tard, le journal attendra. Pour le moment, la tente est sèche, mais ça ne devrait pas durer.
km jour : 69,0 km total : 3032 départ / arrivée : 10 h 30 / 19 h 00 camping : 39 $
Lundi. Le déluge a duré une bonne partie de la nuit, mais grâce au chalet, tout est bien sec. C’est agréable de dormir avec le bruit de la pluie quand on est bien à l’abri. Je fais la grasse matinée : je me lève passé 8 h.
Hier soir, j’avais laissé faire la douche – celle sur la route avait suffi –, alors je me reprends ce matin. Je révise aussi l’alignement de ma roue avant. Je pars donc un peu après 11 h. En quittant le camping, je dépasse un homme et deux jeunes enfants à vélo : Jean-Philippe, Alexandre et Phylis sont de Gatineau et aimeraient peut-être partir en cyclo-camping.
J’arrête au bureau d’information touristique. Sur place, je réalise que j’ai encore la clef du chalet. Petit aller et retour au camping : je prends vraiment la route à 11 h 40.
Il fait de plus en plus beau, mais avec le vent de face j’avance lentement. Ici, il n’y a pas de gros relief, mais ce n’est presque jamais plat. Je prends un premier repas à Pinette River, car c’est bien joli. Un cycliste chargé arrive : Ben achève la traversée du pays depuis Vancouver. Nous discutons un peu itinéraires avant de repartir. Il est seulement le quatrième cyclotouriste que je croise sur la route depuis mon départ.
Mon trajet est un peu complexe. Je veux éviter Charlottetown, car les villes sont pénibles à vélo. Après une moitié de trajet sur la route 1, la transcanadienne, très calme sauf quand le bateau y déverse ses passagers, je prends plusieurs petites routes : la 3, la 213, la 22, la 21, la 2, la 218, la 219. Plus le chiffre est petit, plus la route est importante.
Sur mon trajet, c’est très agricole et souvent coquet. Étonnamment, toutes les indications routières et toponymiques sont bilingues – anglais et français –, même si peu de gens semblent l’être.
La 213 est exigeante car elle monte légèrement, mais tout le temps, et le vent de face y est particulièrement présent. Ensuite, j’ai de bonnes montées et descentes jusqu’à Mount Stewart, où je mange près de la majestueuse Hillsborough River, la plus importante de l’île.
En cours de journée, le soleil chasse tous les nuages. La suite du trajet jusqu’au camping est facile.
Au camping – beau site au bord de l’eau –, j’ai des voisins cyclistes : une famille de Toronto avec trois enfants de six à 10 ans, en balade pour deux semaines. Je monte le camp, je mange et je m’installe dans la salle communautaire pour profiter d’Internet et écrire.
Je suis tout à côté d’un Parc National, au programme pour demain. Selon la météo, il fera très beau, mais une journée de pluie est attendue mercredi. On verra.
km jour : 89,5 km total : 2963 départ / arrivée : 11 h 05 / 18 h 30 temps déplacement : 5 : 28 vitesse moyenne : 16,3 vitesse maximale : 46,5 camping : 29 $
> Wood Island East – 155 km > traversier – 22 km Sommaire
Dimanche. Je m’éveille peu après 6 h. À nouveau, le ciel est bien gris et la météo prévoit de la pluie, mais c’est sec ce matin. Je range mon matériel rapidement afin qu’il reste à l’abri. Je suis donc en route peu après 7 h 30 avec l’idée de bien rouler avant la pluie et de profiter du vent de dos.
Le trajet est vallonné avec de belles vues à l’occasion. Au début, je roule sur une petite route bien tranquille, traversant de petits villages. Avant Antigonish, je fais un bout sur l’autoroute, faute d’alternative, mais je la quitte dès que possible.
En cours de route, j’étudie la carte. Le trajet suggéré après Antigonish longe la côte, mais une route alternative permet de sauver 35 km. C’est celle que je choisis. Je traverse une belle vallée aux maisons coquettes et fleuries qui mène à la côte.
Je passe un lieu nommé Doctors Brook, comme cette rivière de Terre-Neuve où nous avions photographié nos amis médecins en 1991. Arisaig, le village suivant, offre un petit parc pour pique-niquer – c’est l’heure, en plus – et de belles vues, dont je profite.
J’arrive à Lismore où une barricade indique « route barrée ». Je vais vérifier : il manque le pont sur le ruisseau. Je pourrais passer, mais il faudrait marcher dans l’eau. Avoir su, c’est ce que j’aurais fait : le long détour proposé fait 13 km, est beau mais assez montagneux.
La route me mène ensuite jusqu’à New Glasgow. C’est l’heure d’un autre repas – les kilomètres s’accumulent – et d’une épicerie. La pluie vient de commencer tranquillement et s’intensifie peu à peu alors que j’approche du traversier vers l’île-du-Prince-Edouard.
En passant sur la digue qui mène à Pictou, je dérange sans le vouloir une immense colonie de cormorans qui y est installée. Assez impressionnant. Comme je m’étais enquis de l’horaire, j’arrive sans stress bien à temps pour le départ de 18 h 15.
Une fois le vélo bien attaché sur le pont inférieur – il y a deux ponts de véhicules –, je monte au pont des passagers. Il n’est pas question de sortir, il mouille sérieusement. Pendant la traversée vers l’Île-du-Prince-Edouard, qui dure 75 minutes, je jase avec une famille de Repentigny. Lynn et Guy sont venus chercher leur fille Alexandrine qui vient de passer cinq semaines à Halifax pour peaufiner son anglais. Belle rencontre.
Quand je quitte le bateau, il est passé 19 h 30, il pleut de plus en plus… et il me faut me poser pour la nuit, après plus de 150 kilomètres au compteur.
Heureusement, j’ai déjà une carte routière de l’Île. Un parc provincial avec camping est tout près. Comme c’est le déluge, la préposée m’offre un tout petit chalet. Je n’hésite pas longtemps. C’est un peu plus cher, mais ce soir c’est le bon choix. J’ai la place pour sécher ce qui doit l’être, une table, deux chaises, de l’électricité… et j’entends la pluie crépiter sur le toit. Même mon vélo est à l’abri sur le balcon.
Je mange et m’organise à l’intérieur, ne sortant qu’une seule fois. C’est parfait comme ça : je suis en vacances. En revanche, je me couche tard puisque je suis arrivé tard.
Anecdotes. Après 155 km, je ne sens étonnamment aucune fatigue particulière et je n’arrête que parce que la nuit vient. Depuis trois ans, je n’ai pas mouillé mes souliers en randonnée, mais ce soir il s’en est fallu de peu : un ou deux kilomètres de plus après le bateau, et mes couvre chaussures auraient été submergés…
km jour : 154,3 km total : 2874 départ / arrivée : 7 h 30 / 20 h 00 temps déplacement : 8 : 14 vitesse moyenne : 18,7 vitesse maximale : 52,5 camping : 54 $