Eau et glace – un peu

Le lac Bow

> Ruisseau Mosquito (Parc Banff) – 65 km
Sommaire

Lundi. Nuit fraîche et confortable, mais la tente est légèrement humide ce matin. Avant 6 h, nous nous activons tranquillement, et nous prenons chacun nos routes vers 7 h 30. Détail : ici, il est 8 h 30, car j’ai changé de fuseau horaire hier sans le réaliser. Tant pis, je changerai mon heure demain.

Ce matin, c’est assez froid, et la couverture nuageuse est assez trouée. Belle journée en vue ? La route descend en forêt pour les premiers kilomètres, jusqu’à l’intersection de quatre vallées : au nord, celle d’où je viens ; au sud, celle où je vais ; à l’ouest, le col Howe ; à l’est, celle où vont les eaux, vers Red Deer. Le lieu est à la fois historique, en tant que lieu de passage, et magnifique avec un delta complexe au cœur des montagnes. Impressionnant !

C’est là que je rencontre Krijin, un cyclotouriste hollandais en route jusqu’en novembre dans les parcs de l’ouest du continent. Nos nous recroisons quelques fois en cours de journée.

Ensuite, ça monte, comme prévu, mais assez doucement en général. Ce n’est pas difficile, mais comme nous sommes en forêt et ne voyons pas beaucoup la rivière Mistaya dont nous remontons le cours, c’est moins spectaculaire.

Après un bon bout à se rapprocher des glaciers magnifiques, ça se met à monter, mais ce n’est ni très long ni très difficile sur cette route large et presque droite.

En approchant du sommet, je rattrape Kanak, Muntasir et Sarah-Jane. Les deux premiers sont du Bangladesh, la dernière d’Australie. Leur trajet prévu va d’Anchorage à Toronto. Sarah-Jane est assez volubile alors que les garçons sont plus discrets, mais la rencontre est, comme d’habitude, très agréable.

Au sommet du col Bow – à 2067 m, c’est le point le plus haut de mon trajet –, nous nous retrouvons à cinq avec Krijin… pour prendre la fuite devant la pluie qui avance rapidement vers nous.

C’est la descente rapide sous les premières gouttes, mais avec d’incontournables arrêts photo à cause du fabuleux lac Bow, une vraie carte postale.

Je file au plus vite vers le premier camping, une étape que je prévoyais, alors que la pluie reste relativement légère et ne traverse pas mes protections. C’est donc au camping Mosquito que je passerai cette nuit-ci, car le ciel reste incertain malgré une éclaircie.

Je mange, un peu plus tard que prévu mais bien à l’abri. Alors que j’achève mon repas, un petit camper s’approche avec deux dames qui se questionnent à propos du poste d’accueil. Je leur réponds en français, puisqu’il est évident qu’elles sont québécoises, et leur explique le fonctionnement de l’auto inscription. Je leur propose que nous partagions le site ce soir, ce qu’elles acceptent volontiers.

Diane et Danielle, retraitées, sont en couple depuis quelques années. Au début, chacun s’organise de son côté.

Comme il est encore tôt, je pars marcher un peu sur un très joli sentier en forêt. J’aurais bien aimé le suivre plus longtemps, dans les hauteurs où il mène, mais ce n’est pas pour ce voyage-ci. J’y croise quelques randonneurs, beaucoup de fleurs et je rejoins la rivière pour m’arroser un peu de son eau glaciale. Je redescends tranquillement, bien heureux de mon escapade et du retour du soleil.

Au souper, nous nous retrouvons à trois et conversons comme de vieux amis pour une bonne partie de la soirée, à peine dérangés par la fumée erratique du feu de bois, mon premier du voyage.

Vers 20 h, heure du Pacifique, chacun se dirige vers ses quartiers. Je complète le journal avant le dodo vers 21 h, puis je règle mes horloges sur leur nouvelle heure. Je me couche donc peu après 22 h, heure des Rocheuses.

km jour : 67,0
km total : 2706
départ / arrivée : 7 h 30 / 14 h 00
temps de trajet : 4 : 50
vitesse moyenne : 14,1
vitesse maximale : 46,3
camping : 5 $

La vallée des glaciers

Le glacier Columbia

> Ruisseau Rampart (Parc Banff) – 95 km
Sommaire

Dimanche. La pluie n’a pas duré, et tout est bien sec quand je me lève… à 4 h 45. Moins d’une heure plus tard, je suis en route. Mon camping peut-être illégal et l’impossibilité de le payer faute de monnaie m’ont incité à ne pas traîner.

Ce matin, c’est gris et frais, mais il n’y a pratiquement personne sur la route avant 8 h. Pendant les premières heures, le trajet est facile et reste spectaculaire : je remonte toujours le cours de la rivière Athabaska entre deux murs de montagnes aux sommets souvent couronnés de blanc. J’arrête déjeuner – fin de mon délicieux yogourt… – au stationnement du ruisseau Poboktan, point de départ de randonnées de plusieurs jours en arrière-pays. Pour cette fois-ci, je me contente d’en rêver…

Depuis un bout de temps, je guettais le ciel derrière moi : de la pluie semblait s’approcher, même s’il y avait un peu de bleu devant. Effectivement, les gouttes arrivent juste après le repas. Je range les tissus à sécher et enfile mes couvre chaussures, mais la pluie n’est pas très intense et cesse bientôt… pour revenir un peu plus forte. Rien de bien sérieux, et bientôt tout est bien sec.

À la hauteur du ruisseau Beauty, deux cyclistes prennent la route : Kyle et son neveu Connor, d’Edmonton, vont en vélo et auberge de Jasper à Banff. Ayant des rythmes semblables, nous nous croisons régulièrement tout au long de la journée.

Le terrain facile ne saurait durer : une bonne montée est au programme. Les paysages toujours magnifiques me font multiplier les photos, il y a des cascades, des mouflons, les glaciers qui se font de plus en plus proches, et toujours les montagnes. Assez fantastique !

Je passe près d’un truc touristique assez couru : Glacier SkyWalk permet aux visiteurs de marcher sur une passerelle en verre au-dessus du vide. Ensuite, une descente assez échevelée me mène au dernier delta avant le champ de glace Columbia, un des principaux attraits du parc. Effectivement, c’est très impressionnant, mais la foule est là, dense. Je passe mon chemin pour aller dîner tranquillement à l’entrée d’un camping.

En repartant, je croise Russ, un cycliste parti du Nouveau-Mexique et en route pour une boucle de plusieurs mois. Peu après, je passe le col Sunwapta, limite des parcs Jasper et Banff et ligne de partage des eaux entre l’Arctique et l’Atlantique.

La douce descente du début devient rapidement une chevauchée à haute vitesse car la pente est abrupte et longue. Je m’arrête à quelques reprises car les paysages sont vraiment sublimes malgré l’orage qui gronde sur les sommets. Je reçois quelques gouttes, à nouveau rien de sérieux, mais j’essaie de ne pas trop traîner en route.

La fin du trajet est facile, en faux plat descendant le long de la rivière North Saskatchewan. C’est toujours de toute beauté.

J’arrive au camping vers 16 h et, est-ce un miracle, il y a de nombreux sites libres. Comment payer puisque je n’ai pas de monnaie ? Un couple en roulotte me dépanne très gentiment. Et la préposée me parle en français : Valérie vient du Lac-Saint-Jean. Ayant choisi un site libre, je monte la tente en vitesse car la pluie est proche. Les premières gouttes arrivent alors que j’entre mon matériel sous la tente. Ouf !

Je m’installe sous l’abri communautaire pour cuisiner. Une jeune femme m’y retrouve : Melissa fait un tour du monde depuis environ neuf mois, ses amis espagnols Vicens et Núria sont venus passer quelques jours avec elle et nous passons une excellente soirée entre cyclistes, passant de l’anglais à l’espagnol ou au français selon les moments. Ils se sont connus à Barcelone, et Melissa est originaire de l’Oregon…

La soirée reste courte et chacun se réfugie dans sa tente car les moustiques, à défaut d’être efficaces, sont nombreux. Dès 21 h, dodo !

km jour : 94,4
km total : 2639
départ / arrivée : 5 h 45 / 16 h 00
temps de trajet : 6 : 17
vitesse moyenne : 15,0
vitesse maximale : 63,6
camping : 17 $

Jasper et Athabaska

Rivière Athabaska

> Honeymoon Lake (Parc Jasper) – 55 km
Sommaire

Samedi. Comme prévu, l’autobus se présente à 0 h 15, mais il n’est pas seul : le mien va à Edmonton, un autre à Calgary. C’est le branle-bas pour un bout de temps, puis tous s’installent le mieux possible pour un trajet inconfortable. À 0 h 45, les deux autobus partent de concert avant de prendre chacun leur route.

Une affiche me donne l’heure juste : Jasper 450 km. Bon choix, cet autobus. En revanche, ça dort mal, et il y a des pauses de temps en temps à des stations service qui servent de terminus. Vers 4 h 45, le chauffeur s’arrête, recule – pas simple avec une remorque – et descend. Nous quittons une demi-heure plus tard, après l’arrivée d’une ambulance…

Au petit matin, je découvre des montagnes assez considérables. Nous roulons dans une vallée encaissée. Lors d’une autre pause, nous admirons les sommets blancs éclairés par les premiers rayons du soleil. Une jeune fille est aussi captivée que moi, nous partageons ce moment. À 7 h, nous entrons en Alberta ; à 7 h 30, avec un léger retard, nous arrivons enfin à Jasper. Beaucoup continuent, parfois pour plus d’une journée, mais moi j’en ai fini de l’autobus.

Le travail commence : remontage du vélo, déjeuner, informations sur le trajet auprès de Parcs Canada, épicerie importante puisque je serai plusieurs jour sans ravitaillement. Il est déjà tard quand je prends la route.

Réglons un point : c’est vraiment spectaculaire côté paysages. La route remonte la rivière Athabasca, d’un curieux blanc verdâtre, qui naît dans les glaciers du parc Jasper et se jette dans l’océan Arctique après une traversée toxique des exploitations de sables bitumineux, loin au nord. Les montagnes où persistent de grandes taches blanches sont magnifiques. Je prends plein de photos.

Pour un bout, j’ai le choix entre deux routes : la 93, route principale, ou la 93A, plus petite. C’est mon choix. Bien sur, ça monte beaucoup avant de redescendre, mais c’est beau et il y a très peu de voitures. Je pique-nique à la confluence de deux rivières, balise importante pour les anciens voyageurs, je longe de petits lacs, j’arrête un peu aux spectaculaires chutes Athabasca – il y a plein de touristes – puis je retrouve la 93 pour finir la journée. J’y croise deux cyclotouristes. Nous arrêtons pour jaser. Shane est irlandais, Kay est anglaise, les deux enseignent en Espagne et font un voyage d’assez grande ampleur eux aussi.

Depuis ce matin, le ciel était légèrement voilé, mais en après-midi c’est plus un mélange soleil et nuages, et ça reste assez chaud avec 32°. Après une journée relativement courte, j’arrive au camping prévu.

Je m’y attendais : il n’y a plus aucune place libre aux emplacements normaux. Je me trouve un petit coin, incertain de sa légalité, et je m’installe. Il y a un lac magnifique : j’y plonge, profitant de l’occasion pour laver mes vêtements de vélo. Bon truc, finalement. Je popote dans un abri collectif, puisque je n’ai pas de table, mets ma bouffe et mes accessoires de toilette dans un casier anti-ours – j’avais récupéré un petit cadenas à combinaison bien fonctionnel, qui sert ici – et rentre dans ma tente pour régler le cas du journal. Vers la fin, un crépitement venu des temps anciens – la pluie – me fait sortir pour récupérer la corde à linge et son contenu. À 20 h 30, je suis couché. Enfin !

km jour : 55,1
km total : 2545
départ / arrivée : 10 h 00 / 16 h 15
temps de trajet : 4 : 15
vitesse moyenne : 12,9
vitesse maximale : 51,0
camping : 0 $

Pas d’eau dans le désert

Le désert de la route transcanadienne…

> Terminus Greyhound (Kamloops) – 130 km
Sommaire

Vendredi. Grosse journée en perspective, mais après une excellente nuit. Au déjeuner, j’ai la visite d’une famille de canards bien habitués aux humains, qui me grimpent presque sur les pieds. Ça s’annonce très chaud : je fais le plein d’eau et je pars.

Les premiers kilomètres sont vraiment faciles : ça descend presque tout le temps jusqu’à Cache Creek, tout d’abord dans une vallée relativement fertile au milieu de collines sèches, puis après la fin de la route 99 dans une autre vallée sur une route plus chargée.

Cache Creek semble n’être qu’une halte routière avec ses stations-service, ses restos-minutes et ses commerces pour passants. Je trouve à peine l’épicerie.

Je suis maintenant sur la 1, la route Transcanadienne. Il y a de la circulation, mais c’est large avec un bon accotement. En revanche, la chaussée des voitures est souvent meilleure, alors je ne la quitte que quand des véhicules arrivent.

C’est beau, l’effet « désert » est de plus en plus marqué et spectaculaire, mais les sommets ne sont pas très élevés. Il reste qu’aux longues montées succèdent de longues descentes. C’est cuisant puisqu’il fait 37° et qu’il n’a pas d’ombre. En contrebas, le fleuve Thompson coule dans son enfer.

J’arrive à Savona en début d’après-midi. C’est impressionnant, car c’est le début du Lac Kamloops. Je quitte la 1 car il me faut de l’eau. Il y a un parc provincial qui me fournit en plus une table à l’ombre pour manger. Ça fait du bien ! La rue principale est l’ancienne 1, alors j’ai droit à quelques kilomètres loin du trafic, avec des chalets sur le bord du lac, et le désert de l’autre côté de la route.

Quand je retrouve la 1, c’est pour une longue montée avec une série de magnifiques vues sur le lac, qui doit mesurer environ 40 km de long et est enchâssé entre de hautes falaises sans végétation. Rendu en haut, ça redescend après les photos, car c’est vraiment très beau.

Mes réserves d’eau baissent très rapidement, mais il y a un village nommé Cherry Creek. En fait de village, je ne trouve qu’une série d’habitations et de fermes dispersés le long de la route. Et s’il y a un peu d’eau dans le ruisseau, elle est bien protégée par des barbelés. Je vais devoir étirer mes réserves.

Évidemment, ça monte encore pas mal avant Kamloops. Il y a plusieurs étangs cerclés de blanc : l’eau s’en évapore pour déposer les sels. Dans un cas, il ne reste qu’une grande étendue blanche de sel, sans eau.

J’arrive en ville. Des affiches dirigent les cyclistes hors de l’autoroute, sur des rues d’industries et de camions. Enfin, une station service me permet de remplacer ma dernière gorgée d’eau chaude par des bouteilles pleines d’une eau fraîche. Il était temps !

Il y a ensuite tous les magasins à grande surface typiques des banlieues américaines, sauf que je ne trouve pas d’épicerie. Je me dirige tant bien que mal vers le centre-ville pour y trouver le terminus d’autobus. Ça descend longtemps, Kamloops est bâtie en amphithéâtre autour du fleuve Thompson.

Arrivé en bas, il y a un spectacle de musique rock dans le parc, une belle épicerie et ses commis qui m’indiquent que le terminus Greyhound est… en haut ! Pas complètement en haut, mais assez pour demander une bonne demi-heure de montée à basse vitesse. Finalement, il est 20 h 30 quand je me retrouve au coin des rues Notre-Dame et Laval, ma destination, après plus de 130 kilomètres dans la grosse chaleur.

À cette heure, le terminus est désert. Ça me permet de m’organiser tranquillement, sans déranger. Je dois me laver un peu, me changer, charger des batteries, mettre mes sacoches dans leur sac, mon vélo dans le sien, manger… Il y a une bonne connexion Internet, alors je réussis à écrire à mes amis et à leur envoyer le lien pour quelques photos.

Vers 23 h, ça s’anime de plus en plus. Quand je range enfin mon ordi, à 23 h 45, c’est plein et grouillant. Je place mes sacs près de la porte, je me mets en file avec les autres et j’attends l’autobus.

km jour : 132,0
km total : 2490
départ / arrivée : 8 h 30 / 20 h 30
temps de trajet : 8 : 28
vitesse moyenne : 15,6
vitesse maximale : 52,4
autobus : 109 $

Vers l’oasis

La désertique vallée du fleuve Fraser

> Marble Canyon Provincial Park (Pavilion) – 75 km
Sommaire

Jeudi. Levé peu après 7 h après une nuit parfaite, je suis en route un peu avant 9 h. En gros, ça descend ; en détail, ça remonte ensuite pour mieux descendre. Une route folle, difficile, magnifique car la rivière gambade dans un canyon spectaculaire.

Depuis hier, il n’y a plus de voie double et le trafic est très réduit. Ça aide. Mais même les autos ont leurs problèmes : l’une d’elles a démoli un pneu sur une roche tombée des falaises… La dernière descente, vers Lillooet, est assez impressionnante, car la route est accrochée à flanc de montagne pour des kilomètres.

En bas, petite pause relaxante près du lac Seton avant de me rendre au village. C’est un lieu étrange, assez western, qui s’étend en rubans d’habitations et commerces dispersés sur des terrasses le long du fleuve Fraser. J’y fais mes petites emplettes et le plein d’eau avant de revenir à la route 99.

J’ai hésité : j’ai failli remplir aussi mon sac à eau de 4 litres, mais mon vélo est déjà vraiment lourd. J’espère ne pas le regretter, car ça cuit et ça monte. C’est peut-être pour ça : c’est la première journée du voyage où je ne croise aucun cyclotouriste.

Le paysage a changé radicalement : je suis dans un désert sec et chaud, pratiquement sans eau à part le Fraser qui brasse ses eaux brunes en contrebas, au creux de sa gorge spectaculaire. Autour de moi, des herbes jaunies, d’étranges buissons aux minuscules feuilles turquoises dont on se demande s’ils vivent encore. Autour, de hautes montagnes presque sans arbres, ou même brûlées, qui concentrent la chaleur. Ouf !

Je roule particulièrement lentement, et ça monte fort peu après le village avant de devenir vallonné exigeant. Sur une réserve indienne – j’en traverse quelques-unes –, je peux remplir mes bouteilles qui se vident rapidement.

Plus loin, je roule sur des terrasses herbeuses et le relief se calme. J’observe, à bonne distance, un ours noir, des cervidés que je n’identifie pas, des aigles à tête blanche.

Alors que ma deuxième bouteille est à nouveau presque vide, j’entend un bouillonnement apprécié : il y a un tout petit ruisseau facile d’accès. À nouveau, mon filtre prouve son utilité et son efficacité : je n’aurais jamais bu de cette eau sans filtration.

La route monte de plus en plus, mais tranquillement et irrégulièrement. Mais il y un virage et ensuite ça monte très solidement jusqu’au village de Pavilion. J’ai bien fait de ne pas m’y fier : au plus dix maisons dans le désordre autour d’une petite église, je n’aurais peut-être même pas pu y trouver de l’eau…

Toujours, l’environnement est très sec et chaud, mais une descente me mène au lac Pavilion. L’écrin est ici aussi magnifique, mais il est habité et n’a pas le même charme sauvage que le lac d’hier. En revanche, son eau verte et les montagnes autour composent des images magnifiques.

Une affiche annonce le camping attendu dans 6 kilomètres, parcourus facilement au pied de falaises blanches et très découpées. J’ai à nouveau un site extraordinaire, à quelques mètres de la plage caillouteuse. Je vais rapidement à l’eau avec mes habits de vélo qui en ont au moins autant besoin que moi, car le soleil disparaîtra bientôt du fond de la vallée même s’il illuminera longtemps les sommets. Je n’ai même pas de voisins visibles : les quelques tentes sont plus loin, les VR sont cantonnés aux stationnements.

Je m’installe, je popote et j’écris le journal dehors, à la table, alors qu’un vent tiède et confortable caresse la peau. Selon la suggestion de la préposée du camping, je mets ma nourriture dans les poubelles, c’est-à-dire dans le compartiment anti-ours, mais par l’arrière qui est bien propre. Ce soir, je me couche tôt, mais quand même après une petite conversation avec des voisins arrivés tard.

km jour : 77,0
km total : 2358
départ / arrivée : 8 h 50 / 17 h 30
temps de trajet : 5 : 56
vitesse moyenne : 12,9
vitesse maximale : 62,6
camping : 16 $

Les montagnes et le lac

Lac Duffey

> Cottonwood Recreational Park (Lillooet) – 80 km
Sommaire

Mercredi. Excellente nuit, camping parfait. Je quitte vers 9 h 15 vers le village de Pemberton. L’info touristique me confirme la possibilité d’un autobus entre Kamloops et Jasper… à 0 h 15. Je ne verrai pas les paysages. Je complète aussi le menu, car je ne croiserai pas d’autre épicerie aujourd’hui.

La première étape est facile, sur terrain plat avec vent de dos. Mais je suis entouré de montagnes extraordinaires. À 11 h pile, ça change : c’est la montée que tout le monde m’avait annoncé.

C’est du sérieux. Pour les premières 50 minutes, c’est une route en lacets en première vitesse. Comme c’est très chaud, je bois beaucoup et je sue énormément. Je dois régulièrement essorer les coussinets de mon casque. Heureusement, c’est aussi très beau. Une affiche, en haut, indique une pente de 15 %, énorme.

Ensuite, ça monte encore, mais plus normalement. J’en ai quand même pour trois heures au total. Vers les deux tiers, j’ai de la compagnie : une escadrille de mouches s’intéresse trop à moi. J’ai le regret de signaler que beaucoup y perdent la vie… Près du sommet, des sentiers montent vers un glacier. J’aimerais bien y aller…

Ensuite, ça descend plus que ça monte, au milieu d’un paysage de montagnes fabuleuses. Je prendrais des photos à chaque minute. Je croise un bâtiment, une réserve de sable pour l’entretien des routes. C’est le premier et dernier depuis le début de la montée.

Je dîne sur le bord de la route, près d’un petit pont, car il est grand temps. Plus loin, la route longe le lac Duffey. C’est tout simplement magique avec l’eau verte qui brille au soleil, les montagnes immenses, les arbres, tout, quoi. Je croise mon seul cyclotouriste du jour, Shayne, qui fait un petit trajet de Kamloops à Vancouver.

Je n’ai plus d’eau. J’arrête au pied de la chute de Kana Creek et je remplis mes bouteilles d’une eau savoureuse, claire, fraîche et… filtrée, quand même. Le filtre que je transporte depuis le départ est bien utile ici.

La route suit maintenant Cayoosh Creek et descend assez sérieusement, avec quelques montées quand même. C’est toujours aussi spectaculaire.

Je sais qu’il y a des campings par ici. Une affiche indique Cottonwood Recreation Park. C’est effectivement un camping tout près du torrent, avec des emplacements, des tables, quelques toilettes sèches… et rien d’autre. Il est presque désert. Il y a une roulotte, mais je n’y vois personne, et un couple avec une tente. Ces derniers m’accueillent très gentiment. Gerry et Irene reviennent en voiture d’une boucle des quelques jours à vélo. Entre cyclistes, nous parlons le même langage, malgré les différences de langue.

Je m’installe et descend à la rivière pour me baigner. J’y vais prudemment car il y a du courant et l’eau est glaciale, mais ça fait grand bien. Après le repas, Gerry m’offre de mettre ma nourriture dans un arbre avec sa corde, car la mienne est trop courte. Nous jasons jusqu’à la brunante. Je m’installe ensuite dans ma tente pour écrire, afin de me coucher la tête libre. Vers 22 h 30, dodo mérité pour une nuit qui s’annonce fraîche.

km jour : 82,4
km total : 2280
départ / arrivée : 9 h 15 / 17 h 45
temps de trajet : 5 : 47
vitesse moyenne : 14,2
vitesse maximale : 64,6
camping : 0 $

Un congé pour marcher

Chutes Nairn, sur la rivière Green

> Nairn Falls Provincial Park (Pemberton) – 35 km
Sommaire

Mardi. J’ai dormi comme une bûche, et je sens que ce sera la même chose ce soir car je pourrais dormir encore. Je me prépare mais laisse tout dans la tente car je fais un petit détour par l’épicerie, une affaire de 7 ou 8 km. Quand je reviens, mes voisins sont partis. Je me prépare tranquillement, charcute cartes et listes de campings pour ne garder que les régions qui m’intéressent. À 10 h 45, je pars pour de bon sous un soleil déjà cuisant.

Il y a, pas très loin, un parc provincial avec camping. Je décide que ce sera assez pour aujourd’hui : je prends congé. D’ailleurs, je me sens encore un peu mou. Pourtant, ce n’est pas la norme ici : tous semblent être très sportifs, à voir le nombre de cyclistes, joggeurs, grimpeurs, kayakistes, etc.

La première partie du trajet est superbe et très ralentie par les photos. Traversant le terrain de golf, la piste cyclable – Whistler en est quadrillée – longe le lac Green, bien nommé avec sa fascinante couleur émeraude. Il est entouré de montagnes superbes, je me remplis les yeux d’images magnifiques.

Je retrouve la route 99, maintenant avec une voie dans chaque sens la majorité du temps, et en suivant la rivière Green, d’un étrange vert laiteux, ça descend ! C’est facile, parfait pour moi aujourd’hui.

Un avantage du vélo solo : j’ai du temps pour penser. J’avais regardé attentivement les cartes, et le trajet de Kamloops à Jasper m’apparaissait très difficile, avec plusieurs jours sans campings ni villages où se ravitailler. Solution possible, à valider : prendre l’autobus, tout simplement.

C’est bien de penser, mais la réalité n’est jamais loin. Soudain, la route monte abruptement, avec de petits lacets. En arrivant en haut, il y a un belvédère avec vue sur la chute Nairn, superbe même d’ici. Je suis donc rapidement arrivé.

Sur place, un préposé entretient les sites – exceptionnellement propres. Il me répond en français : Samuel vient de Granby et m’a identifié grâce à un chandail du Tour de l’Île de Montréal. Nous jasons très agréablement – c’est un féru de plein air – et il me conseille un excellent site, près de la forêt et d’un majestueux cèdre. Comme il est tôt, le choix ne manque vraiment pas.

Je dîne, monte le campement et pars à pieds vers les chutes Nairn, à 1,5 km du camping. Il y a un peu de monde sur le sentier, en particulier une famille venue d’Espagne. Tout le long, nous suivons la rivière Green, de toute beauté, puis arrivons aux chutes. C’est clôturé de partout, question de sécurité, mais vraiment impressionnant. L’eau, toujours d’un vert étonnant, a même creusé un siphon sous lequel elle s’engouffre avant de ressortir en bouillonnant. Je suis sous le charme.

Au retour, après avoir accueilli une famille allemande au camping, je pars à nouveau dans l’autre direction. Une longue marche en forêt sur la Sea to Sky Trail, partie du sentier transcanadien, m’amène au lac One Mile pour une petite baignade. Au retour, je croise Samuel. Après le travail, il fait une petite boucle en vélo de montagne. Et au camping, c’est un couple suisse qui se cherche un site. Le monde est ici.

Le temps a bien passé. Je me mets au souper, puis je vais chercher l’eau à la pompe à bras. Je marche encore un peu le long de la rivière, mais il est temps de rentrer pour de bon afin de profiter de la lumière naturelle pour compléter la journée alors que les campeurs arrivent tranquillement. Ce soir, je me couche tôt, vers 22 h, même si le vent reste chaud.

km jour : 36,7
km total : 2198
départ / arrivée : 10 h 45 / 13 h 00
temps de trajet : 2 : 09
vitesse moyenne : 17,0
vitesse maximale : 56,1
camping : 20 $

Jusqu’au ciel ?

Baie de Squamish

> Riverside Resort (Whistler) – 110 km
Sommaire

Lundi. La nuit se passe sans incident, mais je dors assez mal et je décide de me lever aux premières lueurs. Je suis donc debout à 4 h 45 et en route une heure plus tard. Je suis sur la 99, qui a été nommée « Sea to Sky ». On verra.

Toute la première partie du trajet, jusqu’à Squamish, est vraiment spectaculaire. Je longe une baie cernée de hautes montagnes mises en lumière par le soleil levant. Le ciel est à nouveau parfaitement dégagé. La route monte et descend, serpente, s’accroche comme elle peut. Elle est habituellement à quatre voies avec muret central et un bon accotement, mais tout ça varie parfois. À vélo, c‘est une conduite difficile car le trafic est abondant et rapide toute la journée.

En arrivant à Squamish, je m’arrête à un site touristique, un téléphérique, pour y prendre de l’eau. J’en aurai beaucoup besoin aujourd’hui car la chaleur s’en vient. Sherma, une employée, m’aide de son mieux et très chaleureusement. J’aurais le goût de monter en haut, mais il n’y a pas de stationnement pour mon vélo…

Après un petit détour causé par une jolie piste cyclable en cul-de-sac, je repars. Maintenant, comme prévu, ça monte et ça cuit. Il y a de jolis sommets enneigés, mais ici il fait plus de 30° et je n’ai jamais eu aussi chaud depuis le départ.

En gros, je remonte la rivière Cheakamus. De temps en temps, je m’arrête pour des points de vue spectaculaires, mais en général ce sont de longues routes plutôt droites et très rapides pour les voitures. C’est assez dur.

En après-midi, je passe tout droit devant un premier camping. J’aurais besoin d’une pause épicerie et je ne suis pas encore à Whistler. Finalement, j’y arrive. C’est une série de hameaux le long de la route 99. Il y a plein de cyclistes et de marcheurs, et près de la place olympique je trouve tout ce que j’ai besoin, et surtout le camping.

La douche est bienvenue après trois jours sans avoir pu me laver. J’avais aussi beaucoup monté dans la chaleur puisque le village est à 700 m d’altitude… après de bonnes descentes. Ce soir, je vis en français. Je rencontre Andreas et Michelle, de Suisse, et je partage le site de camping avec Dominick, Virginie, Samuel et Alexandra, de Québec, ainsi que de trop nombreux moustiques.

Je finis la soirée avec l’ordi, complétant le journal et chargeant les batteries pour une étape où l’électricité pourrait se faire rare. Je termine après minuit, il est grand temps de dormir au frais car la journée a été assez chaude…

km jour : 111,8
km total : 2161
départ / arrivée : 5 h 45 / 17 h 45
temps de trajet : 7 : 58
vitesse moyenne : 14,0
vitesse maximale : 57,8
camping : 21 $

Transports alternatifs

Vancouver, BC

> Bord de route (Horseshoe) – 65 km
Sommaire

Dimanche. Malgré le bruit, j’ai bien dormi, l’endroit est vraiment très beau et il fait un temps magnifique, sans un nuage. Comme j’ignore l’horaire du bateau, je me prépare tranquillement et quitte vers 9 h 30. Je suis à la guérite environ un quart d’heure plus tard, car ce n’est qu’à 3,8 km. Comme le bateau est à chaque heure, j’aurais le temps de prendre celui de 10 h… mais je le manque car je mets trop de temps à trouver mon chemin. Pas grave, ça me permet d’écrire le journal d’hier.

Je pars donc à 11 h. C‘est assez impressionnant : ces énormes navires sillonnent les eaux de la province dans tous les sens et sont gérés comme le sont les trains, les autobus ou les avions, avec des gares et des horaires. Toute une logistique !

Mon vélo est en bas, avec les voitures. Je me tiens sur le pont avant pour ne rien manquer du trajet. Bientôt, Bill, un retraité en pleine forme, entame la conversation. Il est très gentil, c’est très agréable et même utile, car nous discutons des trajets possibles à travers Vancouver.

C‘est aussi l’occasion de voir manœuvrer ces immenses vaisseaux dans d’étroits chenaux au travers les îles. Nous admirons aussi au loin le Mont Baker, plus au sud, aux neiges éternelles resplendissantes sous le soleil. Le temps passe vite en bonne compagnie, et bientôt nous accostons au terminal de Tsawwassen.

Sur la digue, une route aux allures d’autoroute mène à la terre ferme. Je me dépêche de la quitter pour une route secondaire plus bucolique. J’arrive ainsi à Ladner, en banlieue sud de Vancouver. J’y trouve deux servies bien utiles : un guichet automatique et une épicerie. Bien équipé, je pars à la recherche d’une solution pour traverser le tunnel interdit aux vélos qui mène vers Vancouver.

Un commis de dépanneur m’indique la solution : un autobus de ville. Ici, ils sont tous munis d’un support à vélos à l’avant. À la course car le chauffeur est pressé, je démonte les sacoches, installe le vélo et c’est parti sur l’autoroute et dans le tunnel et encore sur l’autoroute. Heureusement, j’avais eu la présence d’esprit de demander de la monnaie à l’épicerie, puisque le passage coûte 2,75 $. Bon investissement.

Le terminus de l’autobus est à une station de métro tout près de l’aéroport et surtout d’un pont menant à la ville. Liam, l’autre cycliste à bord de l’autobus, m’oriente gentiment. C’est parfait : le pont accueille le métro qui rentrera sous terre un peu plus loin, et une bien jolie piste cyclable.

Je suis donc sur la rue Cambie, qui mène directement par pistes cyclables vers le cœur de la ville et les ponts que je dois franchir. Au début, je traverse des quartiers résidentiels, mais je découvre tranquillement les tours et le stade. Tout un spectacle !

Une foule bigarrée quitte le stade après un match sportif, les touristes sont nombreux, la ville est très animée. Les parcs, plages, sentiers et pistes cyclables de l’île sont embouteillés en ce beau dimanche d’été. De toute évidence, les gens d’ici sont plus minces et sportifs que beaucoup de leurs voisins du sud.

Plus loin, je suis en forêt, et je rejoins le Lion Gate, petit frère du Golden Gate de San Francisco, pour passer à West Vancouver. Ici aussi, il y a beaucoup de monde, alors je roule tranquillement dans des quartiers très cossus. Plus j’avance, plus c’est accidenté et je travaille fort pour monter les nombreuses côtes.

J’arrive finalement à Horseshoe Bay, village de touristes et de traversiers, mais j’en sors avec difficulté car les indications sont floues. Il est 20 h et de toute évidence je n’attendrai pas de camping ce soir.

Je cherche un peu, mais il est trop tard pour être difficile : je suis tout à côté d’un chemin privé, partiellement dissimulé par un muret de béton mais avec une vue splendide sur la baie et les montagnes. J’ai d’ailleurs des visiteurs, une famille asiatique sympathique et un peu intriguée.

Je popote, je m’installe à la brunante et je me prépare à dormir mal, puisque l’autoroute passe à proximité. Les aléas du voyage…

km jour : 66,1
km total : 2050
départ / arrivée : 9 h 30 / 20 h 20
temps de trajet : 4 : 44
vitesse moyenne : 13,9
vitesse maximale : 68,2
camping : 0 $

Retour au pays

Victoria, BC

> McDonald Campground (Sidney) – 80 km
Sommaire

Samedi. Je me lève tôt, vers 6 h 30, car je ne veux pas m’inquiéter du traversier. Il fait un temps splendide, mais c’est plus frais que d’habitude : j’ai eu besoin d’ajouter un petit polar cette nuit. Je suis en route peu après 8 h 30.

Au début, la route étroite longe le lac, puis je rejoins la 101. L’accotement est large et ça descend, alors c’est vraiment facile. En plus, le paysage de montagne est splendide. J’arrête au pont de la rivière Elwha : de là, on voit au loin le sommet enneigé du mont Olympus. Il est hors de portée de mon appareil photo, mais c’est bien beau.

Ensuite, ça monte bien pour un bon petit bout. Arrivé à l’intersection où je quitte définitivement la 101, je crois un groupe de huit cyclistes en route pour l’Oregon. Ensuite, une bonne descente me mène dans le ravin de la rivière Elwa. Il y a une piste cyclable, je la vois à droite du pont, mais pas à gauche. Je regarde : l’accès est sur l’autre rive, et la piste est suspendue sous le pont…

Je n’ai plus qu’à la suivre jusqu’au traversier. Je fais l’essentiel du trajet avec Drew, un sympathique jeune homme qui vit à vélo et qui rêve de voir le monde. Vers la fin, c’est de plus en plus urbain : quartiers chics, zone portuaire, centre ville. J’arrive vers 11 h 30 alors que le bateau est à 12 h 45. J’ai 38,3 km au compteur. Parfait.

Après les formalités, j’envoie un bref courriel aux amis. C’est ensuite le temps d’embarquer. Il y a des supports à vélo sur le pont avant, c’est là que je passe la traversée du détroit de Juan de Fuca. Le soleil est éclatant, j’admire la mer et les montagnes qui l’entourent. En cours de traversée, un jeune homme entame la conversation. Sam McKenzie, tout nouveau docteur en neuroscience, est originaire d’ici et habite New York, mais rêve d’enseigner à McGill, où il a étudié.

Après 90 minutes d’une traversée très facile, nous accostons. Les formalités douanières sont brèves et souriantes, puis je me retrouve avec une petite carte des pistes cyclables de la région et mon chemin à trouver. Le centre ville de Victoria est très animé et rempli sous le soleil. Touristes, musiciens, danseuses, magiciens, bouffe de rue : aujourd’hui, la ville est belle et vivante.

Je fais d’abord une bonne tournée du centre ville afin de dénicher une précieuse carte de mon futur trajet. Information touristique, location de vélo, MEC, boutique de vélo, et j’en oublie, c’est finalement une librairie qui a une carte routière de la région qui m’attend.

Je pars vers le nord, par la piste cyclable régionale « Lochside » qui va directement vers le traversier de Vancouver. Suivant souvent une ancienne emprise de chemin de fer, elle est au début bien urbaine, le long de cours d’eau ; ensuite, elle traverse discrètement des banlieues cossues et de jolis boisés et étangs pour s’enfoncer en zone agricole.

À mi-chemin, il y aurait un camping. En chemin pour voir de quoi il s’agit, je rencontre Dwane, un cycliste assez âgé, qui me convainc facilement de rebrousser chemin. Vers l’est, je crois deviner des sommets enneigés… et c’est bien vrai. J’ai hâte.

À Sidney, jolie ville, il y a un camping dans un petit parc provincial. Il y a beaucoup de places libres dans une belle forêt de cèdres. Il n’y a pas de préposé et je n’ai pas de monnaie : je paie avec ce que j’ai et je m’installe assez rapidement, puisqu’il est passé 19 h 30.

C’est malheureusement bruyant, car une route importante passe non loin. Il n’y a que peu de services : eau et toilettes sèches. De plus, mes réserves de bouffe sont assez basses, mais j’ai de quoi me bricoler un repas plus qu’acceptable. J’ai même cueilli des mûres pour avoir des fruits frais. Je suis couché tôt, avec mes bouchons d’oreilles.

km jour : 77,8
km total : 1983
départ / arrivée : 8 h 35 / 19 h 30
temps de trajet : 4 : 48
vitesse moyenne : 16,1
vitesse maximale : 54,0
camping : 11 $