
> Marble Canyon Provincial Park (Pavilion) – 75 km
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Jeudi. Levé peu après 7 h après une nuit parfaite, je suis en route un peu avant 9 h. En gros, ça descend ; en détail, ça remonte ensuite pour mieux descendre. Une route folle, difficile, magnifique car la rivière gambade dans un canyon spectaculaire.

Depuis hier, il n’y a plus de voie double et le trafic est très réduit. Ça aide. Mais même les autos ont leurs problèmes : l’une d’elles a démoli un pneu sur une roche tombée des falaises… La dernière descente, vers Lillooet, est assez impressionnante, car la route est accrochée à flanc de montagne pour des kilomètres.
En bas, petite pause relaxante près du lac Seton avant de me rendre au village. C’est un lieu étrange, assez western, qui s’étend en rubans d’habitations et commerces dispersés sur des terrasses le long du fleuve Fraser. J’y fais mes petites emplettes et le plein d’eau avant de revenir à la route 99.
J’ai hésité : j’ai failli remplir aussi mon sac à eau de 4 litres, mais mon vélo est déjà vraiment lourd. J’espère ne pas le regretter, car ça cuit et ça monte. C’est peut-être pour ça : c’est la première journée du voyage où je ne croise aucun cyclotouriste.
Le paysage a changé radicalement : je suis dans un désert sec et chaud, pratiquement sans eau à part le Fraser qui brasse ses eaux brunes en contrebas, au creux de sa gorge spectaculaire. Autour de moi, des herbes jaunies, d’étranges buissons aux minuscules feuilles turquoises dont on se demande s’ils vivent encore. Autour, de hautes montagnes presque sans arbres, ou même brûlées, qui concentrent la chaleur. Ouf !
Je roule particulièrement lentement, et ça monte fort peu après le village avant de devenir vallonné exigeant. Sur une réserve indienne – j’en traverse quelques-unes –, je peux remplir mes bouteilles qui se vident rapidement.

Plus loin, je roule sur des terrasses herbeuses et le relief se calme. J’observe, à bonne distance, un ours noir, des cervidés que je n’identifie pas, des aigles à tête blanche.
Alors que ma deuxième bouteille est à nouveau presque vide, j’entend un bouillonnement apprécié : il y a un tout petit ruisseau facile d’accès. À nouveau, mon filtre prouve son utilité et son efficacité : je n’aurais jamais bu de cette eau sans filtration.

La route monte de plus en plus, mais tranquillement et irrégulièrement. Mais il y un virage et ensuite ça monte très solidement jusqu’au village de Pavilion. J’ai bien fait de ne pas m’y fier : au plus dix maisons dans le désordre autour d’une petite église, je n’aurais peut-être même pas pu y trouver de l’eau…
Toujours, l’environnement est très sec et chaud, mais une descente me mène au lac Pavilion. L’écrin est ici aussi magnifique, mais il est habité et n’a pas le même charme sauvage que le lac d’hier. En revanche, son eau verte et les montagnes autour composent des images magnifiques.
Une affiche annonce le camping attendu dans 6 kilomètres, parcourus facilement au pied de falaises blanches et très découpées. J’ai à nouveau un site extraordinaire, à quelques mètres de la plage caillouteuse. Je vais rapidement à l’eau avec mes habits de vélo qui en ont au moins autant besoin que moi, car le soleil disparaîtra bientôt du fond de la vallée même s’il illuminera longtemps les sommets. Je n’ai même pas de voisins visibles : les quelques tentes sont plus loin, les VR sont cantonnés aux stationnements.
Je m’installe, je popote et j’écris le journal dehors, à la table, alors qu’un vent tiède et confortable caresse la peau. Selon la suggestion de la préposée du camping, je mets ma nourriture dans les poubelles, c’est-à-dire dans le compartiment anti-ours, mais par l’arrière qui est bien propre. Ce soir, je me couche tôt, mais quand même après une petite conversation avec des voisins arrivés tard.
km jour : 77,0
km total : 2358
départ / arrivée : 8 h 50 / 17 h 30
temps de trajet : 5 : 56
vitesse moyenne : 12,9
vitesse maximale : 62,6
camping : 16 $